Théâtre : Le jeu de l'amour et du hasard

Philippe Calvario fait vivre la tumultueuse quête d’amour orchestrée par Marivaux avec une réjouissante et intemporelle acuité.

Dans une langue éblouissante, Marivaux saisit toute l’intensité et la finesse d’un combat qui remet en cause l’ordre établi et trouble les identités… jusqu’à une résolution finale qui ne sort pas des cadres.

Grâce à l’amitié de leurs pères, Silvia et Dorante sont promis l’un à l’autre. Afin de pouvoir examiner à sa guise son prétendant, Silvia échange son costume avec celui de sa femme de chambre Lisette, et Dorante fait de même avec son valet Arlequin, qui parade en revêtant la mise de son maître. Si les domestiques imaginent qu’ils accèdent à un rang supérieur, les maîtres s’effraient d’une mésalliance impossible. L’habit mensonger ne peut cependant tout à fait masquer ni la reconnaissance de sa classe ni la naissance du désir.

Remarquable directeur d’acteur, Philippe Calvario orchestre à merveille le ballet des affects contrariés, quête tumultueuse où la vérité des sentiments se dissimule tant bien que mal. « J’ai guetté dans le cœur humain toutes les niches différentes où peut se cacher l’amour lorsqu’il craint de se montrer, et chacune de mes comédies a pour objet de le faire sortir d’une de ses niches » indique Marivaux. La mise en scène révèle toutes les surprises dont l’amour est capable, mêlant cruauté et volupté, fantaisie et gravité.

Jubilatoire !